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©Antoinette Chaudron

La poupée de Monsieur K

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Franz Kafka, ténébreux écrivain maudit, que l’on imagine pénétré par son art et, à la fin de sa vie, affaibli par la maladie (il était atteint de tuberculose), rencontre un jour une petite fille dans un parc. La petite est inconsolable car elle a perdu sa poupée. Franz Kafka lui explique alors que sa poupée est partie, et qu’elle va lui raconter son épopée dans des lettres.

On aime déjà cette histoire, vraie ou pas [1][1] racontée par Dora Diamant, sa dernière compagne, dans ses mémoires, elle nous offre une vision toute rafraichissante de l’auteur de La Métamorphose.

Malheureusement, cet échange épistolaire est perdu à jamais; mais c’est sans compter sur Lézaâr la compagnie et sa fondatrice Laila Zaâri. Celle-ci a eu l’idée de proposer à Thomas Gunzig d’inventer ce voyage et de le décrire à travers des lettres imaginaires de la poupée à la petite fille.

Dans un décor subtil tout en clair-obscur, faits de jeux d’ombres et de lumières, la pièce déroule une esthétique qui évoque les films expressionnistes des années 1930. Sur scène, Michel Carcan dans le rôle de Kafka et Laila Zaâri dans celui de la poupée. Comme une marionnette désarticulée, elle passe, en fonction des aléas de son voyage, d’une démarche à l’allure rigide et saccadée à des mouvements dansés tout en grâce et élégance. Mention spéciale aussi à la musique originale et création sonore signés respectivement Patrick Waleffe et Clément Waleffe.

Ce spectacle nous rappelle l’attachement viscéral qu’ont les enfants (et les grands enfants que nous sommes toutes et tous) à leur «doudou», objet qualifié de «transitionnel» par la psychologie, qui est censé nous aider à transiter vers l’âge adulte. Mais notre besoin de consolation n’est-il pas impossible à rassasier, comme nous le suggérait Stig Dagerman [2][2] Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, Stig Dagerman, Actes Sud, Mémoires-Journ, trad. Philippe Bouquet, Paris, 1993?

Sans doute… Nous pouvons cependant toujours nous abreuver d’histoires. Cette Poupée de Monsieur K nous y invite et nous en offre de jolies. De quoi passer l’hiver en douceur.

La Poupée de monsieur K de Lézaâr la compagnie, à voir le 15 janvier 2025 à 15h à l’ékla de Strépy-Bracquegnies et le 26 janvier au W:Halll à Bruxelles, ensuite aux Chiroux de Liège et au SPOTT à Ottignies.
Le calendrier des représentations se trouve ici.


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