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©( soon ) gallery

«Memento»

En ce moment

Il faut être avisé pour se rendre dans l’espace insolite de la ( s o o n ) galerie. Cet écrin secret anversois se veut un espace d’exposition indépendant, faisant également office de maison de vacances à ses heures perdues. Une simple réservation vous permet de disposer du lieu. Et il est vrai que dormir entouré d’art est peut être le meilleur moyen d’en percer à jour les secrets. On pourrait croire le concept tout droit sorti du livre de Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, où elle raconte avec poésie la nuit qu’elle passe au musée du Louvre (Prix Médicis, Essai 2021).

Une galerie d’art pas comme les autres

La galerie est une œuvre d’art à part entière, puisqu’il s’agit d’un duplex situé au 13ᵉ étage de la Riverside Tower, un joyau brutaliste conçu par les célèbres architectes Léon Stynen et Paul De Meyer, avec vue sur la rivière, la riche ville culturelle d’Anvers et le port.

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À sa tête, Doris Vanistendael qui a choisi un parti pris des plus respectables: elle présente des talents émergents internationaux au sein de cet univers décalé et intimiste, rythmé par les lignes architecturales et la lumière anversoise.

Le secret?

La volonté d’un art accessible, à taille humaine. Le concept initial, qui a évolué au gré des folies et des envies, consiste à «présenter des œuvres d’art dont la taille et le prix sont suffisamment réduits pour que l’on puisse les mettre immédiatement dans sa valise et les emporter chez soi.»

Lieu de mémoire

Cette fois-ci, c’est l’artiste peintre Dona’ Gillon qui investigue les lieux. Sa peinture contemporaine abstraite vous séduira pour son caractère ambivalent: à la fois naïf et à empreint d’un sentiment plus profond. L’exposition intitulée Memento, vous offre un voyage temporel entre souvenir amer et douce mélancolie. Pour Dona’ Gillon, l’acte même de peindre, c’est le fait de marquer un moment.

Dona’ Gillon ©( soon ) gallery

«J’entretiens mes souvenirs heureux. Cette petite flamme de l’enfance, je la cultive avec soin et de manière très spontanée. C’est comme une sorte de connexion d’énergie.»

Mais la peinture est aussi le moyen de garder un lien avec les disparus: «Peindre c’est entretenir leur mémoire, mais c’est aussi maintenir un lien plus grand, plus large, qui m’échappe.»

passe temps, 2020 ©Dona’ Gillon

La peinture de Dona’ Gillon s’attache à réunir tous les mondes en un lieu à part, où la mémoire règne. Elle qui prône une approche ludique et intuitive de l’art, qui cache en fait des thèmes subtils et profonds. Par l’utilisation des couleurs et son rapport spatio-temporel avec la surface, elle nous introduit dans un univers onirique à la frontière de l’abstraction et de la figuration, entre le visible et l’invisible. Par l’empilement des couches, plusieurs niveaux de lecture nous sont offerts, à la fois dans la matérialité et dans la symbolique.

Son travail est une invitation à prendre son temps, à voyager et à laisser émerger ses émotions. Entre rêve et réalité, en contemplant son travail, on découvre que la peinture est aussi poésie.

Le clin d’œil 

Le travail perspectif dans l’œuvre de Dona’ Gillon est tout à fait remarquable. Il remet en cause tous les préceptes de son genre depuis la renaissance italienne jusqu’aux innovations picturales cubistes et post-cubistes. Quel meilleur endroit que la (soon) gallery pour redécouvrir la notion de perspective? Une exposition sur mesure où architecture et peinture se font écho.


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