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Genesis de Hakim Bouacha

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Enfant du Nord de la France, Hakim Bouacha grandit à Roubaix dans une famille d’origine kabyle. Très jeune, il se découvre une attirance pour les garçons. Se souvient d’un baiser dans la cour de récréation, derrière le toboggan…

Soutenu par le Théâtre de Liège où il voit le jour cette semaine et par le Théâtre national qui le présente ensuite à l’Espace Magh, son seul en scène Genesis est né de plusieurs envies, dont celle de parler d’amour, de mettre des mots sur les silences et le secret, sur les douleurs et les brimades. Non seulement l’homophobie dont il est victime dès l’enfance et l’adolescence, mais aussi les violences traversées par le jeune adulte qui, se détachant de son milieu d’origine, se tourne vers le monde de la nuit, des boîtes, des rencontres. Il y découvre en fait de très semblables rapports de domination. Et beaucoup d’abus similaires à ceux dénoncés en majorité par des femmes sous les hashtags #metoo ou #balancetonbar.

Si Genesis s’inscrit dans un mouvement de libération de la parole, son auteur-acteur-metteur en scène tient à la fois à la nuance et à porter lui-même la pleine puissance de son propos. Auquel il intègre une série de témoignages de jeunes LGBTQIA+ récoltés en Tunisie et au Maroc.

«Qu’on aime ou pas ma pièce, vraiment je m’en fous. Qu’on ne la comprenne pas serait un échec. J’ai essayé d’être très clair et proche de moi», nous confie l’artiste à quelques jours de la première. Celui qui, au sortir du Conservatoire, a eu «pas mal d’opportunités mais souvent clichés: des rôles d’Arabe de service ou de coiffeur écervelé», ne se voyait pas confier son histoire à un metteur en scène qui l’aurait «réduite ou simplifiée». D’où ce processus entamé avec «beaucoup de colère» et où il a réussi à glisser «une certaine distance», affirme-t-il à présent. «Je ne me suis jamais vu comme une victime, mais je serai toujours une cible; ça laisse des traces.»

L’une de ces traces, transformée en oeuvre, est sur le point d’éclore.

• Au Théâtre de Liège, du 11 au 15 octobre, à 20h (mercredi et samedi à 19h).
• À l’Espace Magh, à Bruxelles, les 21 et 22 octobre, à 20h, en collaboration avec le Théâtre national.
• Le TN a demandé à Hakim Bouacha de choisir un film: L’Armée du salut, d’Abdellah Taïa, sera projeté le 17 octobre à 19h15 au Cinéma Palace. Une discussion se tiendra ensuite entre le réalisateur et le metteur en scène de Genesis.
Genesis sera également joué au printemps à Tunis.


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