Ulla Hase

5 septembre 2023 | Lecture 2 min.

Des pages géantes habitées par un geste à la fois libre et minutieux: voilà le corpus neuf qu’a élaboré Ulla Hase pour cette nouvelle exposition à la galerie Odradek, à Saint-Gilles.

Artiste du dessin, de la trace, de l’obstination et de l’aléatoire, originaire du Nord de l’Allemagne, formée à Hambourg et Maestricht, basée de longue date à Bruxelles, elle construit un univers singulier tout autant que multiple, tout comme les silences évoqués dans le titre choisi. La suspension d’entre les lignes, la concentration de l’action. Il y a l’encre – celle d’outils quotidiens, pointe Bic essentiellement – et le papier, que pour l’essentiel Ulla Hase a choisi cette fois de laisser libre: hors cadre, à la merci de ses propres reliefs et irrégularités, de l’air qui le frôle, de la pesanteur. Et puis le geste, dans lequel s’opèrent d’infimes perturbations de l’espace lisse, elles-mêmes à l’origine de plus grandes divagations, comme le souligne la galeriste Simone Schuiten:
«Par ses petits dérèglements spontanés, Ulla Hase rompt avec la linéarité régulière pour nous offrir une spéculation visuelle qui ne discourt qu’en de multiples silences, offrant du corps au support qui rend visible son tracé.»

La plasticienne – qui travaille aussi la matière en trois dimensions – envisage le dessin comme «un espace physique et mental en mouvement», un engagement du corps dans le temps de l’action, «un moyen de transformation». Inspirée par la Brève histoire des lignes de l’anthropologue britannique Tim Ingold – passionné par l’environnement, l’artisanat, et concevant l’univers comme tramé d’innombrables lignes -, Ulla Hase sculpte son propre espace-temps, réceptacle d’une pensée évolutive, d’émotions en question. De même que les eaux silencieuses cachent parfois des courants puissants, la tranquillité apparente de ses dessins révèle, de plus près, des espaces vivants, vibrants, des décalages et des débordements.

Quelques pièces moins récentes entrent en dialogue avec ce travail neuf, mettant en exergue la dynamique à l’oeuvre chez l’artiste, «entre l’action physique et les concepts immatériels».

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Multiples silences, galerie Odradek, 35 rue Américaine, 1060 Bruxelles. Du 7 au 30 septembre.