
«Ficksion» de Daouda Keita
Au large27 mars 2023 | Lecture 1 min.
épisode 4/6
Karolina SvobodovaDans le cadre du festival «On Marche», vous présentez le solo Ficksion. Le public européen a également pu vous voir récemment dans le spectacle L’homme rare de Nadia Beugré. Comment avez-vous commencé la danse?
Daouda KeitaJ’ai commencé la danse en 2009. J’étais à la faculté de géographie et puis j’ai décidé de me réinventer. Je me suis inscrit au concours d’entrée du Conservatoire des Arts et Métiers Multi Média (CAMM) Balla Fasséke Kouyaté à Bamako et je me suis aussi beaucoup formé dans l’espace Donko Seko, toujours à Bamako.
J’ai aussi appris comment faire la communication, la gestion, l’administration, l’organisation d’événements, tout ça m’a fait grandir.
Mon premier solo, He Allah, en 2012, m’a fait entrer dans le monde professionnel de la danse et m’a permis de tourner en Europe, en Colombie et en Afrique. En 2014, j’ai eu Visa pour la création de l’Institut français qui m’a permis de créer un autre solo Moi, Daouda Keita?
Ensuite, j’ai fait deux duos: Kuma Ka Ca avec Adiara Traoré, une danseuse malienne, et Getanztes Gluck en 2019 avec Mélanie Alexander pour la Tanzhaus Zurich.

Ensuite, vous avez créé votre propre compagnie.
Oui, en 2016, j’ai créé ma compagnie, Famu Danse («comprendre la danse», en bambara). Je travaille actuellement avec 40 jeunes malentendant·es de différentes régions du Mali que nous avons formés en danse et en théâtre. C’est un projet d’accompagnement et de renforcement des capacités pour que ces jeunes parviennent à être autonomes comme danseur·euses professionnel·les. Ce n’est pas évident au Mali : le cursus scolaire n’est pas abouti, après les études primaires, iels n’ont pas accès au lycée ni à l’université. Donc, on les forme à des métiers liés aux arts vivants. Depuis 2017, sous l’égide de la compagnie, nous avons pu mettre en œuvre plusieurs programmes de formations comme «Parole de corps », «De la danse à la tolérance», «Plastik Toxik Partout».
Je collabore aussi avec d’autres artistes comme Lamine Diarra et Tidiani N’Diaye. Ensemble, on a fondé la coopérative d’artistes «Le Fil», un modèle de gestion et d’administration culturelle à Bamako. Nous avons créé cette coopérative qui est un lieu de résidence, de diffusion et d’accompagnement de jeunes artistes. L’enjeu est aussi de mutualiser nos moyens, parce qu’au Mali ce n’est pas évident d’avoir des administrateur·ices culturel·les.
Nous avons deux festivals qui sont en marche: «Les Praticables», qui est un festival de théâtre mais qui s’est ouvert depuis deux ans à d’autres disciplines, et le festival «BAM» qui est initié par Tidiani N’Diaye. Aujourd’hui, nous sommes en train de revoir le concept de BAM. Parce que moi, en tant que membre fondateur de Le Fil, j’ai aussi un projet de festival mais ce n’est pas la peine de créer un festival de plus, alors nous travaillons à la fusion des objectifs de BAM et de SIGN’ARTS, en travaillant à l’intégration des personnes en situation de handicap et de leurs créations. Donc le festival BAM devient inclusif.
Dans votre solo Ficksion, présenté dans le cadre du festival «On Marche», vous disparaissez au milieu d’un amoncellement de boîtes en cartons, avec lesquels vous jouez à vous cacher, à travers lesquelles vous regardez les spectateur·ices. Pourriez-vous nous dire quelques mots sur cette création?
Ce projet a commencé en 2020, via le programme Africa 20, dans le cadre duquel beaucoup d’artistes étaient invités à se produire en France.
J’avais en tête de présenter un de mes duos mais mes partenaires n’étaient pas disponibles. J’ai ensuite pensé reprendre He Allah, avec toutes les questions qu’une telle reprise pose huit ans plus tard, avec le corps qui n’est pas le même. Alors que j’étais dans ces réflexions, il y a eu le Covid. Je recevais des informations qui étaient à l’opposé de ce qui est dit dans He Allah. J’ai donc créé Ficksion, parce que ces images que je recevais semblaient fictionnelles. Je me suis mis à transcrire ces images en des bouts de textes éphémères qui ont ensuite été mis en forme par la scénariste Narakas Kornelija.
Ce projet parle de la fragilité qu’on a pu ressentir pendant le Covid et le confinement. J’ai vu que le monde peut basculer à tout moment, que la précarité n’est pas qu’au niveau des pauvres, nous sommes tous fragiles. Ça parle également de l’intimité. Le spectacle repose sur le jeu qui consiste à se cacher, même si on nous voit. On se construit nous-mêmes des murs de défenses contre les autres mais on reste visible. Le lien entre les humains et les boîtes sur scène, c’est la fragilité. Les boîtes peuvent se fracasser à tout moment, à l’image du monde.
C’était votre première participation au festival «On Marche»?
C’est ma première participation mais il faut reconnaitre que c’est un grand festival avec 16 ans d’expériences, et cette année j’ai constaté que le festival a mis en place beaucoup de plateformes pour la jeune création avec une première édition du prix Taklif.
«On Marche» est pour moi un espace important parce que j’ai pu présenter ce projet dans un cadre professionnel, avec beaucoup de professionnel·les de la danse qui sont là et qui pourront faire des retours constructifs.
Pour davantage d’informations sur le spectacle, c’est ici!
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