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Murmansk, 19 september 2021 ©Aurélien Goubau.

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Pour sa première exposition, Olivier Grasser, le nouveau directeur du centre d’art Contretype situé dans le beau bâtiment de la Cité Fontainas à Bruxelles, a choisi de montrer le travail de six jeunes photographes qu’il a sélectionnés avec l’aide d’un jury à la suite d’un appel à projets.

Chaque artiste investit un espace de la galerie, résolument modernisée et davantage ouverte vers des pratiques photographiques lato sensu, incluant des croisements de genres, comme la vidéo. Ainsi, le travail d’Aliki Christoforou exposé dès la porte franchie: une série de tirages photographiques représentant la mer Méditerranée, réalisée à la gomme bichromatée dont les pigments ont été remplacés par le sang de l’artiste. Une manière d’évoquer l’ambivalence de cette espace maritime à l’origine de notre civilisation, qui est aussi lieu de décomposition et redoutable écueil funeste. Seascapes (marées rouges) touche avec délicatesse le cœur de ce que nous sommes.

©Aliki CHRISTOFOROU, SEASCAPES.

Aurélien Goubau s’est quant à lui plongé dans l’intimité des foyers russes à Mourmansk, la plus grande ville de l’Arctique, qui abrite de nombreuses installations militaires secrètes et des armes nucléaires. Le jeune photographe formé à l’école ESA Le 75 a passé de longs mois aux côtés de ces personnes qu’il a prises en photo, dormant avec elles dans leurs habitations de fortune. Une série de clichés intitulée Znamya, qui nous immerge dans une longue nuit polaire et dans les secrets des habitants de cette région reculée du monde, pourtant au centre des questions géopolitiques actuelles.

Un outil de revendication et d’exercice du droit individuel à l’expression.

Marcel Top nous emmène complètement ailleurs, dans un processus expérimental qui questionne le pouvoir et les dangers de la technologie. À travers Sara Hodges, nom d’une citoyenne américaine fictive qu’il a générée par un algorithme, il dénonce l’envahissement de notre espace privé par la surveillance de masse et la collecte de données personnelles. Cette femme adulte blanche artificiellement créée est la résultante d’un mélange de milliers de personnes partageant sur les réseaux sociaux leur admiration pour l’Amérique, trouvées grâce au hashtag #iloveamerica. L’artiste lui a ensuite conçu une biographie fictive et un faux compte Instagram : @sarahodges1973, censé mettre en scène la vie d’une parfaite citoyenne américaine. Il a poussé le vice jusqu’à transformer son visage en un masque de silicone imprimé en 3D, que tout un chacun peut utiliser. En rendant ainsi vivante cette citoyenne «idéale», Marcel Top «espère créer un outil de revendication et d’exercice du droit individuel à l’expression, sans peur d’être reconnu·e et suivi·e online.»

Par cette première exposition, la nouvelle direction montre une volonté de se tourner vers le champ contemporain dans toute sa diversité et ses hybridations, accueillant avec bonheur les tâtonnements et les prises de risque de tous·tes jeunes créateur·ices.

Une exposition à voir jusqu’au 19 mars 2023.
Du mercredi au vendredi, de 12 à 18 heures.
Samedi et dimanche, de 13 à 18 heures. Entrée gratuite.

À noter, la galerie développe maintenant tout un travail de médiation et de sensibilisation et souhaite davantage accompagner des publics variés (scolaires, associatifs, amateur·ices, etc.) dans leur découverte des langages de l’image contemporaine.

Par ailleurs, le PhotoBrussels Festival a une alléchante programation jusqu’au 26 février 2023 dans différents lieux de la capitale.


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