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épisode 6/7
6/7
La traversée de l'or blanc, Myriam Louyest (verre) ©Candice Athenais, 2023

Au pays de l’or blanc

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épisode 6/7

Pourquoi y aller?

L’atelier de moulage des Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles est implanté depuis 130 ans sur le plateau du Cinquantenaire. Ce lieu, toujours en activité, possède un charme très particulier et un espace riche d’un immense patrimoine. On y trouve une collection de près de cinq mille moules réalisés sur des œuvres d’art datant de la préhistoire au 18ᵉ siècle, et bon nombre d’entre eux sont utilisés par une équipe au savoir-faire sollicité partout dans le monde. Encore aujourd’hui, vous pouvez faire l’acquisition d’une pièce qui vous séduit – en sachant que certaines nécessiteront (pour les plus grandes) un délai d’attente qui peut atteindre deux à trois ans.

Cet immense espace a eu la magnifique idée d’accueillir en résidence (chose inédite pour ce lieu) la plasticienne Myriam Louyest (1966). On avait déjà pu voir son travail Quelque chose du temps aux Archives de la Ville de Bruxelles, ou plus récemment, Voyage au bord du monde (2021) au Salon Royal de la Gare centrale de Bruxelles. Aujourd’hui, elle nous embarque dans un voyage envoûtant au pays de l’or blanc.

Qu’est-ce qu’on y voit?

Myriam Louyest est une artiste qui dialogue avec les lieux qu’elle investit. Ainsi ne vous attendez pas à de gigantesques sculptures qui chercheraient à rivaliser avec la force majestueuse de l’espace, ou avec celle des moulages présents.

Il vous faudra parfois partir à la chasse aux œuvres.

Au contraire, il vous faudra parfois partir à la chasse aux œuvres: l’artiste ponctue le parcours par de délicates interventions renvoyant tour à tour à l’histoire des objets, des outils, des matériaux ou à celle, plus intime, né du rapprochement poétique entre ce qu’elle voit et ce qui nourrit son travail (la marche, l’action, sa vie aussi tout simplement).

©Candice Athenais

Le matériau favori de l’artiste est le verre, qui est présent dans différentes pièces – véritable tour de force technique, tout en finesse et en discrétion. Au milieu de ses infinies variations de blanc et de beige translucides patinés par le temps, la couleur des salles agit comme un aimant pour nos yeux. Myriam Louyest conçoit notamment des sortes de lingots de verre dorés dans lesquels s’enchâsse la présence fantomatique de «pierres» en plâtre.

©Candice Athenais

Cette exposition pose aussi la question de ce qui nous reste de l’histoire de l’art, ce qui perdure, parfois grâce à des copies. Elle évoque les étapes du travail des artisans en alignant systématiquement des «pierres» provenant de différents matériaux: la roche, le verre, le plâtre nu ou recouvert de feuilles d’or…

Soyez attentif·ves:

L’exposition ne se découvre pleinement qu’en prêtant une belle attention aux moindres recoins.

À titre d’exemple, sur le sol de l’atelier de production, on tombe sur un casier de bois dans lequel sont rassemblées des centaines de madeleines en plâtre. Dans ce lieu où le moulage est porté à un haut degré de sophistication, l’artiste nous propose différents gestes tout simples relatifs à cette pratique: seaux pour châteaux de sable ou moules à gâteaux. Au terme de chaque journée de travail, elle a posé ses fonds dans des petits moules de pâtisserie. L’air de rien, elle évoque ainsi le temps passé au travail. Ces petites formes au motif si reconnaissables se muent en éléments de décor, au-dessus de deux grilles où sont placés de magnifiques moulages en forme de corniches.

©Candice Athenais

Deux caisses ressemblant presque à des cachots sont placées dans la première salle à l’entrée. La seconde est un portrait en pied de l’Empereur Septime Sévère. L’artiste a brodé sur un textile blanc des gouttes en verre rouge, qui évoquent l’immense cruauté de l’homme. Sur celui-ci, elle a posé délicatement un superbe petit coquillage, le Hexaplex tranculus, une sorte de mollusque qui sécrète un mucus qui permet d’obtenir la couleur pourpre améthyste, ce rouge si précieux, réservé aux empereurs durant l’Antiquité.

©Candice Athenais

L’alliance entre les milliers de sculptures provenant des moulages conservés dans ce lieu et la proposition de l’artiste fonctionne à merveille. Cet atelier, comme un immense vaisseau, protège ces œuvres et en devient l’écrin, nous offrant la possibilité de vivre poétiquement cet artisanat d’art. 

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Informations pratiques:

Atelier de Moulage du Musée d’Art et d’histoire

Parc du Cinquantenaire 1000 Bruxelles (entrée côté Avenue des Nerviens)

Du 12.10 au 04.11, tous les mardis, jeudis et samedis (13:00-17:00), sauf le jeudi 02.11

Gratuit

Christophe Veys est l’auteur du texte qui peut vous accompagner durant la visite et qui offre une proposition de direction de regard. À noter cependant: quelques pièces sont venues s’ajouter en cours de montage, qui ne figurent pas dans le texte.


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