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SILENT NIGHT - BIFFF2022 ©DR.

Silent Night. Last Christmas?

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On pense illico à Peters’ Friends, ou Love Actually, et l’on s’attend à voir surgir Emma Thompson au détour d’un jardin inéluctablement anglais. Bien calé dans son fauteuil, le plaid sur les genoux, voilà un choix étonnant au Bifff, mais bon, allez savoir…

Le propos de Camille Griffin, autrice et réalisatrice franco-britannique dont c’est le premier film, est ailleurs. La première partie de Silent Night est une comédie dérangée. Tout le monde en fait un peu trop et on a la sensation que ce n’est pas un hasard. Les acteurs, Keira Knightley (Never let me go, the Duchess, ou Pirate des Caraïbes) ou Matthew Goode (A Single Man ou The Crown) en tête, semblent surexcités, se précipitent sur la caméra dont les mouvements sont brusques, et l’on ne perçoit pas très bien pourquoi tout ce petit monde s’hystérise tant.

La comédie dérangée devient dérangeante.

Et puis, les indices s’accumulent (via les news, un discours de la Queen au détour d’un smartphone), et la rétroaction a lieu, la comédie dérangée devient dérangeante. Comme un effet Keyser Söze (attention spoiler), ce Noël devient le dernier Noël de l’humanité avant le déferlement d’un nuage toxique létal. Et à la fin de la bûche, une petite pilule distribuée par le gouvernement pour prendre les devants et ne pas mourir dans «d’atroces souffrances». Merry Christmas indeed. Et un peu plus Bifffien, non?

Silent Night déploie alors un second film, plus intéressant, plus râpeux, et pose les questions qui font mal, comme «peut-on tuer ses enfants pour les protéger de la mort?». Si jusque-là les adultes du film étaient les protagonistes principaux, Art, l’un des trois fils de la maison (et de la réalisatrice, par ailleurs, dans une mise en abyme intéressante), devient le héros. Le gamin d’une dizaine d’années n’a pas sa langue en poche, questionne la fiabilité du gouvernement et de sa communication, met en doute le jugement des adultes et leurs réactions face à l’inconnu de ce virus, oups, je veux dire de ce nuage toxique. Avec la véhémence de l’enfant face à l’injustice, il se débat, injurie le sort et les parents, crée le doute, jusqu’à regarder la Mort en face.

SILENT NIGHT – BIFFF2022 ©DR.

Roman Griffin Davis a débuté sa carrière d’acteur dans Jojo Rabbit, en 2019, où il jouait un jeune hitlérien visité par son tuteur-führer et trouvait le ton juste dans un film d’équilibriste. Dans Silent Night, entouré d’un cast professionnel de belle qualité (il faut mentionner Annabelle Wallis en épouse frustrée et mère désabusée), il donne le ton et virevolte entre la comédie enlevée et le film d’anticipation apocalyptique. Pas de gros effet spéciaux ici, pas de démonstration lourde, mais un écheveau de relations très humaines. Et si l’intro paraît parfois un rien chaotique, Camille Griffin concocte une fable de Noël eschatologique qui réconcilie avec les repas de famille!

SILENT NIGHT – BIFFF2022 ©DR.

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