RECHERCHER SUR LA POINTE :

«Wolfkin», Jacques Molitor.

Wolfkin. Loup, loup y es-tu?

Émois

Si Megalomaniac fut mon coup de cœur de Septembre 2022, Wolfkin se profile comme celui de cette 41e édition. Il n’y a pas de connexion entre les deux films, si ce n’est peut-être que chacun d’eux offre à une actrice la possibilité de nous éblouir en explorant les nuances de l’humanité souffrante – Eline Schumacher là-bas, Louise Manteau ici, une révélation pour moi – et que, ma foi, il y a du belge dans les deux productions. Allez.

On sent le garou à plein nez.

Pitch. Elaine a un fiston, qu’elle a conçu lors d’une relation très animale avec Patrick, aristo luxembourgeois et marginal de son état. Après avoir vu le loup, Elaine se retrouve mère-célibataire à Bruxelles, et trime comme une bête pour assurer la pitance du ménage. Le petit Martin – Victor Dieu, 12 ans et déjà toutes ses dents – est doux comme un agneau, sauf quand il mord ses camarades de jeu ou part en vrille sanglante sous le coup d’émotions qui le dépassent. Bref, on sent le garou à plein nez, nous qui sommes affutés du Bifff.

Un peu paumée, et sans autre ressource, Elaine ira chercher réconfort auprès de la belle-famille luxembourgeoise et riche. Et non, ce n’est pas une bonne idée. On débarque dans un Chabrol de là-bas, avec costume de chasseurs, passementerie fleurie et riches bourgeois retors. Un prêtre et un médecin dévoyés et l’affaire est faite. C’est glauque le Luxembourg, et l’inquiétante étrangeté de nos voisins est auscultée avec délectation – ou horreur, selon les points de vue, par Jacques Molitor, qui dédie le film à sa maman…

Le rythme du film nous entraîne tout naturellement vers ses excès mesurés, les personnages sont bizarres, l’univers du village est saturé de tradition écœurante. On sombre doucement dans un cocon horrifique. La version Differdange de la Hammer Films. On pense à Lacombe Lucien, où le tempérament nazi du personnage principal s’inscrit dans une normalité surdéterminée. On évoque aussi Truffaut, et Victor de l’Aveyron, l’enfant-sauvage flamboyant et beau que l’on cherche à dresser pour devenir un jeune homme banal et éteint. Et Kommunioun (en V.O) poussera son héroïne à se battre jusqu’au bout pour son louveteau. C’est beau. C’est sanglant. C’est émouvant.

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Wolfkin – Kommunioun, Jacques Molitor, 2022.


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