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Spectacle: DISCOFOOT , Chorégraphie: Petter Jacobsson et Thomas Caley. Avec les 24 danseurs du CCN – Ballet de Lorraine, un arbitre et trois juges artistiques DJ: Ben Unzip, Dans le cadre du Festival Montpellier Danse, Lieu: Place de la Comédie, Montpellier , le 30/06/2024

Discofoot, Roller Derviches et leçons tout public

Au large

Inclure le public, tous les publics: le défi concerne chaque artiste, institution, festival. Pour sa 44e édition – annoncée comme la dernière dirigée par Jean-Paul Montanari, qui a placé la préfecture de l’Hérault sur la carte de la danse internationale –, le festival de Montpellier Danse a, sans renier les grands noms et les créations (de Mette Ingvartsen à Angelin Preljocaj, de Radouan Mriziga et Anne Teresa De Keersmaeker à Sorour Darabi), misé aussi sur l’espace public, les lieux divers, la participation citoyenne.

Discofoot: tubes, paillettes et match

En plein cœur de la ville, la vaste place de la Comédie relie l’opéra et l’esplanade Charles de Gaulle, promenade ombragée bordant le centre historique. C’est là qu’était installé le terrain de Discofoot. Ceint de bannières pseudo-publicitaires aux couleurs de Montpellier Danse et du CCN – Ballet de Lorraine, sur des barrières nadar autour desquelles s’agglutine une foule mêlée, le périmètre accueille les équipes Azur et Fuchsia. Ballon argenté, shorts lamés, commentaires affûtés et bande-son groovy. Le tout à 11h du matin, le dimanche du premier tour des législatives. Sur les 600 m² de cette pelouse éphémère, les règles générales du football servent de trame à un match-performance réjouissant.

Petter Jacobsson et Thomas Caley signent la chorégraphie de DISCOFOOT, match-performance pour et par 24 interprètes du CCN – Ballet de Lorraine, sur une pelouse éphémère de 600 m².

Le cadre chorégraphique, établi par Thomas Caley et Petter Jacobsson, se décline dans l’instant par la grâce, l’entrain, la facétie des interprètes sur le terrain, où la danse se substitue à la course. Quant aux points, ils saluent tant le nombre de buts que la créativité engagée pour les marquer. Le clin d’œil à l’Euro et aux JO est patent. Et l’exubérance de l’ensemble captive l’assemblée où se mêle, aux festivaliers et festivalières averties, la foule de ceux et celles qui passent par là, peut-être avant ou après avoir glissé leur bulletin dans l’urne.

Ici, l’affrontement est certes technique mais avant tout ludique, et met tout le monde d’accord sous un soleil radieux. Une parenthèse joyeuse dans l’inquiétude ambiante. Et une dramaturgie sportive qui fait remonter le souvenir de Substitut, spectacle «sur le football, mais aussi comme au football». Cette création de la Cie Droit dans le mur (au Théâtre de la Vie, à Bruxelles, en novembre 2023) voyait l’écriture ciselée de Laurent Plumhans faire du sport populaire par excellence un savoureux objet d’observation et d’analyse, au gré d’un exercice de style habile et rudement efficace.

Leçons de danse et Roller Derviches

Petter Jacobsson, directeur du CCN – Ballet de Lorraine jusqu’en 2025, aura été parmi les chorégraphes de Montpellier Danse 2024 (Wayne McGregor, Dimitri Chamblas, Taoufiq Izeddiou et d’autres) à animer l’une des «Grandes leçons de danse» du festival, ouvertes au public de la ville et des environs. Aucune compétence préalable requise pour participer à ces moments de convivialité, qui remettent la danse au centre des quartiers.

Une des grandes leçons de danse du festival, ici à l’Agora, cité internationale de la danse. © Luca Ianelli

Partage est aussi un mot clef chez Marta Izquierdo Muñoz. Dans le sillage de sa pièce Roll créée au festival, la chorégraphe proposait au public des localités voisines Roller Derviches. Une parade elle aussi inspirée par le Roller Derby, chorégraphiée pour une dizaine de personnes pratiquant ce sport de contact ultra énergique et majoritairement féminin.

La chorégraphe-coach, ici rebaptisée Kitch Bitch (la coutume veut que les skaters adoptent un pseudo et façonnent leur propre personnage, jusqu’à la tenue et au maquillage), encadre dans chaque lieu une série d’ateliers préparatoires amenant vers la danse-contact les praticiennes de ce «post-sport» souvent mâtiné d’une bonne dose de show.

La parade des Roller Derviches, que chorégraphie et coache Kitch Bitch, alias Marta Izquierdo Muñoz. © J2MC-photo

Montpellier Danse, 44e du nom, s’est achevé le 6 juillet sur un bilan plus que positif, tandis que le Festival d’Avignon, avancé pour cause de Jeux Olympiques, s’ouvrait dès le 29 juin.

Cercles au Festival d’Avignon: de la ronde enfantine à l’assemblée populaire

Artiste complice de cette 78e édition – la deuxième sous la direction de Tiago Rodrigues –, Boris Charmatz donnait au Festival d’Avignon, avant son spectacle Liberté Cathédrale, un atelier de recherche chorégraphique en plein air: Cercles, au Stade de Bagatelle, sur l’île de la Barthelasse. Travaillé au fil des jours par 200 personnes – amatrices et professionnelles –, un projet évolutif pour questionner le mouvement collectif autant que la danse elle-même. Où le cercle, structure chorégraphique ancestrale, épouse tous les sens de sa forme: de la ronde enfantine à l’assemblée populaire, le signe inclusif du commun.

«Cercles», projet évolutif de Boris Charmatz pour 200 personnes, présenté dans le cadre du Festival d’Avignon au stade de Bagatelle. © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Pour en savoir plus:

Montpellier Danse, festival, saison et Agora, cité internationale de la danse.

78e Festival d’Avignon, jusqu’au 21 juillet.


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