RECHERCHER SUR LA POINTE :

Virginia Woolf, écrire dans la guerre

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Pour son mémoire de traduction littéraire, Carine Bratzlavsky a traduit les lettres de Virginia Woolf adressées à sa sœur Vanessa Bell. Dans la lancée, elle s’est attelée à la recherche des réponses de cette dernière, à leur retranscription et à leur traduction en français.

La correspondance entre les deux sœurs n’est encore publiée nulle part, même pas en langue originale. Ce sera chose faite, grâce à Carine et à sa comparse Anne-Marie Di Biasio, l’année prochaine aux éditions La Table Ronde (Paris).

Un travail important dont on peut entendre des extraits dans le podcast Écrire dans la guerre, conçu et réalisé par Carine Bratzlavsky et Pascale Seys, disponible gratuitement sur le site de la RTBF.

Les extraits de cette correspondance inédite permettent de découvrir une facette méconnue de la personnalité de l’écrivaine anglaise. Étant spontanées et écrites sans velléités littéraires, on y perçoit ses craintes face à l’état du monde (les guerres mondiales qui s’annoncent puis qui éclatent), mais aussi face à la maladie mentale qui menace toujours de refaire surface. On suit son quotidien dans sa maison et à l’hôpital, on perçoit l’affection qui lie les deux sœurs, et les petites rivalités qui surgissent entre ces deux grandes artistes (Vanessa étant une peintre à l’avant-garde).

Ces missives mettent au jour dans toute sa complexité le caractère contrasté de Virginia Woolf, à la fois confiant et plein de doutes, génial et futile, drôle, caustique et sombre.

« Elle a une écriture un peu scandaleuse. C’est le mot qui m’est venu. Par exemple, la façon dont elle parle des pauvres peut sembler choquante à première vue. Mais si on va jusqu’au bout de son raisonnement, elle dénonce en réalité les conditions d’accès à l’instruction, et la place quasi inexistante des femmes dans l’espace public. C’est toujours politique, en fait. » nous confie Carine Bratzlavsky juste après la représentation qui s’est donnée aux Doms (Avignon) le 13 juillet dernier.

« Nous voulions aussi éviter d’y plaquer notre lecture d’aujourd’hui mais rester au plus près de ses contradictions et de ses propos parfois subversifs. Par exemple, lorsqu’elle décrit la fête qui a lieu lors de la fin de la guerre, elle trouve cela insupportable, car cela l’empêche d’écrire ! Elle n’est pas politiquement correcte, elle est libre. »

Carine Bratzlavsky ©Céline Chariot.

Virginia Woolf est plus que jamais une voix à entendre aujourd’hui, alors que la guerre est à nos portes en Europe et que les droits des femmes sont sans cesse remis en question. Mais c’est surtout une pensée contestataire qui peut nous accompagner, homme ou femme, à tout âge, et dans toutes les étapes de nos vies.

Pascale Seys au jardin des Doms (Avignon). ©Céline Chariot.

Une lecture publique par Valérie Bauchau a été présentée dans le jardin des Doms le 13 juillet 2022, dans une création de et avec Pascale Seys et mise en ondes pour Musiq’3 par Valentine Gourdange. Accéder au podcast ici.

La correspondance de Virginia Woolf et de sa sœur Vanessa Bell, dans la traduction de Carine Bratzlavsky et Anne-Marie Di Biasio, paraitra en septembre 2023 aux éditions La Table Ronde.

Dans la première photo: Valérie Bauchau en pleine lecture au jardin des Doms le 13 juillet 2022. ©Céline Chariot.


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