RECHERCHER SUR LA POINTE :

Série Recto/Verso
La série Recto Verso part à la rencontre de ces artistes qui exercent un double métier, par plaisir, passion, ou tout simplement pour «sur»vivre.
épisode 11/18
11/18
Fabrice Detry ©Dikave studio.

Rockeur et traducteur

Grand Angle

épisode 11/18

Professions: musicien (Austin Lace, Hallo Kosmo, Fabiola, Endz, Brèche de Roland) et traducteur NL-FR.

Dernières créations: Le single «You Crazy Diamond» du groupe Fabiola; nouvel EP avec Brèche de Roland; «Harmed», deuxième album de Endz.

Formation: autodidacte pour la musique et Institut Marie-Haps pour la traduction (aujourd’hui UCLouvain Saint Louis, Bruxelles).

Harmed ©Endz.

Comment es-tu devenu traducteur et musicien?

J’ai grandi entre Nivelles et Charleroi. La musique a pris une place de plus en plus importante pour moi vers la fin du secondaire, mais c’est surtout quand je suis venu à Bruxelles pour faire des études de traduction à Marie-Haps, que ça a pris de l’ampleur. Donc je dirais que les deux ont évolué côte à côte pendant quelques années. C’est la ville de Bruxelles qui m’a donné envie de m’émanciper artistiquement. J’avais un groupe de rock, Austin Lace, dont la règle était de ne jamais faire de «cover»; on n’y connaissait rien en musique mais on s’est mis à composer et on a eu beaucoup de chance parce qu’on a gagné un concours à Charleroi et puis on a sorti un premier EP, «Subtitles» (en 1999) puis un album l’année d’après, «Commodore Pace» (62TV Records). Ça a démarré assez vite au niveau de la musique. Parallèlement, je travaillais comme traducteur à la Défense belge: je passais des barrières de sécurité tous les matins avec un badge spécial, j’étais entouré de militaires. Le type à côté de moi avait fait les Chasseurs Ardennais, l’équivalent des GI, et sur son ordinateur y avait un dessin d’un sanglier avec écrit «Attaque et mord». Je traduisais les opérations, les exercices, le courrier des lecteurs militaires…
À ce moment-là, j’ai également commencé à produire et à collaborer avec le groupe The Tellers. Grâce à ça, j’ai obtenu mon statut d’artiste. J’ai arrêté pendant quelques années la traduction parce que la musique marchait bien. Et puis j’ai reçu un jour un mail d’un ami qui cherchait un traducteur pour le «Journal du médecin». C’est là que je me suis remis à traduire: des articles destinés au monde médical, essentiellement. Depuis, je creuse ce sillon-là aussi, et j’ai des projets notamment en traduction littéraire.

Qu’est-ce que ce second métier t’apporte?

La traduction, pour moi, c’est comme un art martial.

Côté financier, c’est un petit avantage non négligeable; mais mentalement, j’en ai vraiment besoin car c’est un endroit où je suis seul, et j’ai besoin aussi de ces moments de calme et de concentration. La traduction, pour moi, c’est comme un art martial, une discipline qui me fait du bien. Mes deux activités sont essentielles pour moi, et l’une ne va pas sans l’autre.

Y a-t-il un lien entre tes deux activités professionnelles?

C’est une manière de sortir de soi et de s’ouvrir à d’autres possibles…

Le fait de s’imprégner d’une autre culture, c’est un peu comme être sur scène et jouer un rôle. On est soi-même tout en étant quelqu’un d’autre. C’est une manière de sortir de soi et de s’ouvrir à d’autres possibles, d’autres réalités. Et puis, chaque langue est comme un instrument, avec un son, une tessiture particulière.

Brèche de Roland, «fin:début», 2021.

Comment as-tu vécu le confinement?

C’est la traduction qui a un peu pris le dessus pendant cette période de réclusion, surtout un projet de traduction d’un livre documentaire sur un petit village hollandais issu de la poldérisation, ultra religieux, qui vit complètement replié sur lui-même, ancré dans le passé: «De Ontdekking van Urk» de Matthias Declercq. Cette histoire m’a fasciné.
Et d’ailleurs, quand j’ai contacté l’auteur, il m’a répondu qu’il connaissait ma musique et qu’il m’avait vu plusieurs fois en concert!
Au niveau musical, on a avancé avec le groupe Brèche de Roland (voir le portrait de Coraline Gaye) et dans le nouvel album de Fabiola, mais en revanche avec mon autre groupe, Endz, on venait de sortir un album qui malheureusement n’a pas pu être présenté, toutes les dates de concert de 2020 ayant été annulées. Mais on jouera bientôt à Namur!

Fabrice Detry ©Dikave studio.

Cite un livre, un artiste ou un lieu qui t’inspire.

Le livre «Croire aux fauves» de Nastassja Martin. L’artiste: Rustin Man, le bassiste de Talk Talk, et son album «Clockdust». Le Lieu: Le tram 92.

Écouter HARMED du groupe Endz. Le groupe sera en concert à Namur le 21 mai.


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