RECHERCHER SUR LA POINTE :

Cette série s’attache à mettre en lumière des personnes (artistes, activistes, chercheurs, chercheuses…) qui ont été particulièrement touchées par l’histoire, la politique, la vie de Patrice Lumumba. Réalisée par Monique Mbeka Phoba et Ndandu Welkenhuysen, avec le soutien d’«Un Futur pour la culture» de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
épisode 2/3
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Véronique Clette-Gakuba ©Rumbacom.

Les dents de Lumumba

Grand Angle

épisode 2/3

Le journal flamand De Standaard publie, le 8 novembre 1999, un poème du grand écrivain Hugo Claus intitulé Lumumba’s gebit (Les dents de Lumumba). Claus écrit ce texte après avoir vu à la télévision le documentaire sur l’assassinat de Patrice Lumumba, où l’on voit l’inspecteur policier Gerard Soete expliquer comment il s’est débarrassé du cadavre de Lumumba et de ses compagnons Maurice M’Polo et Joseph Okito. 

Pour ce deuxième épisode de la série «Inspiré·es par Lumumba», Véronique Clette Gakuba, chercheuse en sociologie et militante, se penche sur ce poème et nous en livre une analyse dans une perspective décoloniale et afro-descendante.

«Lumumba,
le dieu des Albinos
s’est placé sur ton cadavre comme sur une toilette»
j’écrivais dans un poème il y a trente ans
et seulement maintenant lentement s’éclaircit
comment Lumumba fut détruit.
Comment l’inspecteur-policier Belge Gerard Soete
a travaillé le cadavre
avec une scie et de l’acide sulfurique.
«Jusqu’à ce que rien ne reste», dit-il.

Rien ne reste?
Il lui arracha deux canines dorées
et les a gardées.
«Comme souvenir» dit-il. À son quatre-vingtième anniversaire
il les a basculées dans la mer du Nord.

Rien ne reste?
Soete, mercenaire boucher analphabète,
pense aux argonautes
qui voguaient sur la mer Méditerranée
en quête de la Toison d’Or.
Ils arrachaient les dents de la gueule du Dragon
et les semaient dans le sable
et les dents engendraient
cent guerriers avec des haches et des lances
et ils se sont alignés.
Et ces nuits, criants, ils s’approchent de ton lit.

Hugo Claus

À noter: Le titre original de ce poème est Lumumba’s gebit (littéralement La denture de Lumumba). Traduction par Philip Buyck, de la bibliothèque Lumumba, qui a lancé, à l’occasion du cinquantenaire de l’assassinat de Lumumba le 17 janvier 2011 un site Internet collaboratif autour du poème de Hugo Claus afin de le traduire dans toutes les langues du monde.


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