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En lisant Pop, de Sophie Museur

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Un roman, un thé chaud, et une couette moelleuse pour ne pas laisser l’automne nous prendre…

Le roman, ça pourrait bien être Pop, de Sophie Museur. Parce qu’il traverse les saisons et nous plonge dans l’odeur de la terre, de la basse-cour, et des gens. Des odeurs de décomposition, de bière, de sueur rance et de graisse. Parce que dans ce roman, la vie se déploie, que ce soit dans un café bondé où l’on chante et puis on se bat, ou sous la planche de bois d’une cabane effondrée. Parce qu’il y a une tendresse dans la description de ces personnages que l’on rencontre à travers les yeux d’une petite fille qui grandit.

Quelque part au sud de la Belgique des années 1980, assise sous le billard d’un café animé, on rencontre Pop. Elle raconte les verres de bière, les cuisses qui se rencontrent, « les yeux vides de poisson cuit » de sa mère. Et puis aussi comment attraper dans son corps le rythme de la musique qui sort du juke-box. Sa mère l’appelle alors Pop Song.

Il y a Noël avec les grands-parents polonais dont le français limité mêle les mots d’amour aux critiques des étrangers; et puis la veillée avec les grands-parents wallons qui épluchent les pommes de terre en une seule longue peau tandis que les morceaux de charbon crépitent dans la cuisine. Il y a les jeux d’enfants, les disputes, les termes et expressions qu’elle ne comprend pas, mêlant injures, sexisme, religion et racisme. Et puis traversant tout ça, les premiers émois de l’amour que le dictionnaire ne parvient pas à expliquer.

Pop nous plonge dans une histoire proche qui semble pourtant déjà si lointaine: celle d’une Belgique dans laquelle on évoquait fréquemment les privations de la guerre, dans laquelle on pouvait entonner l’Internationale au café, où on appelait les Algériens et Tunisiens installés dans les corons au bout de la Grand’rue les gris; une Belgique animée par les fêtes folkloriques pour lesquelles on sortait encore les habits du dimanche.

S’il peut être qualifié de roman d’apprentissage ou d’initiation parce que l’on y suit un personnage qui grandit et s’affirme, le premier roman de Sophie Museur offre également une belle histoire de transition qui nous embarque, avec beaucoup de sensibilité, dans l’expérience du temps qui passe.

Le livre est édité chez ONLIT Editions.


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