RECHERCHER SUR LA POINTE :

Chaque mois, Nicolas Baudoin vous invite à explorer plusieurs ouvrages édités qui échappent d’une façon ou d’une autre aux rouages de la traditionnelle chaîne du livre. Des littératures actuelles qui s’épanouissent loin des prés carrés.
épisode 1/7
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Faire parler les littératures sous-exposées

En chantier

épisode 1/7

En astronomie, l’achronique décrit ce qui se situe du côté du ciel opposé au soleil, peu importe l’heure de la journée. Par analogie ou par malice, on pourrait attribuer ce qualificatif aux productions éditoriales qui ne bénéficient pas de la visibilité des publications issues des circuits traditionnels.

Microédition, autoédition, fanzinat. Ces termes recouvrent des réalités différentes mais qui se superposent comme dans un millefeuille. On croise ces productions en salons, dans certaines librairies, dans certaines bibliothèques, mais on en parle peu en ligne. Leur dénominateur commun? Elles sont toutes hors-la-Charte.

Hors-la-quoi?

Toute corporation a ses règles, ses fraudeurs et ses fraudeuses. L’édition de livre n’y fait pas défaut. Dans les années 2020, sur les territoires francophones de Belgique, une Charte reprend les prescrits de la profession.

Ainsi, parmi d’autres critères, l’éditeur –le mot «éditrice» n’apparaît pas dans le document– se doit de publier au minimum 300 exemplaires pour être reconnu par l’État et témoigner de deux années d’existence pour être financé. Par ailleurs, le premier point qui qualifie son professionnalisme est le choix de projets dans le cadre d’une «ligne éditoriale». Le terme n’est cependant pas défini. Celui de «livre» non plus, ni celui de «revue» qui le côtoie opportunément.

L’édition sans édition

La Charte fait l’effet d’un filet au maillage tantôt lâche tantôt resserré. Elle invite à en explorer les marges. Le service qui l’applique est celui des lettres et du livre, mais les lettres existent sans livre, les livres existent sans lettres, et il doit bien avoir des maisons d’édition qui existent sans ce service.

Portons donc notre attention à ces entreprises bâtardes[1][1] car non-reconnues, trop petites, trop indépendantes, trop amatrices, trop snobs, trop paresseuses ou oublieuses pour rentrer dans les rangs.

Chaque mois, trois productions récentes et hors-la-Charte seront disséquées ici. Il s’agira d’un choix personnel et partiellement aléatoire. En s’attaquant à un objet aussi vivant, on avancera forcément à tâtons et avec le cœur battant. Parfois il faudra prendre des gants, parfois y aller au scalpel: tout dépendra de la bête.

Qui vous parle?

Namurois d’origine, j’ai étudié les lettres à l’ULB où j’ai poursuivi un Master en «Monde du livre et de l’édition». Ce fameux monde, j’ai pu l’infiltrer en travaillant avec des maisons d’édition et en organisant des formations pour les professionnel·les du secteur entre 2020 et 2023.

Depuis, je défends le droit à exister d’une littérature belge francophone sous-enseignée et j’observe comment les auteur·ices, les éditeur·ices, les libraires, les bibliothécaires, les lecteur·ices et tous les autres font vivre le beau mot de littérature.


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