RECHERCHER SUR LA POINTE :

Cette série s’attache à mettre en lumière des personnes (artistes, activistes, chercheurs, chercheuses…) qui ont été particulièrement touchées par l’histoire, la politique, la vie de Patrice Lumumba. Réalisée par Monique Mbeka Phoba et Ndandu Welkenhuysen, avec le soutien d’«Un Futur pour la culture» de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
épisode 1/3
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©Rumbacom

Lumumba en bande dessinée

Grand Angle

épisode 1/3

Monique Mbeka PhobaPourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans la production de cette bande dessinée sur Lumumba?

Bathy AsimbaC’est une longue histoire qui part de très loin. En 2010, j’ai sorti une BD du nom de Congo 50[1][1] L’album de bande dessinée Congo 50 comprend les travaux de 8 bédéistes congolais de l’association BD Kin Label dont les talents ont été réunis pour célébrer les cinquante premières années de l’indépendance de leur pays, la République Démocratique du Congo. et alors que j’en faisais la promotion à Ottignies, un jeune homme est venu me demander une dédicace. Il m’a dit être le petit-fils de Lumumba. Je l’ai cru immédiatement parce que physiquement, il lui ressemblait vraiment! Par la suite, mon fils m’a dit qu’il s’agissait en effet de Teddy Lumumba, un rappeur, petit-fils de Lumumba. Je ne le connaissais pas! La même année, j’avais un stand lors d’un festival à Kinshasa, j’y ai rencontré par hasard Roland Lumumba, le fils de Lumumba. Je me suis dit que si mes parents avaient été en vie, je leur aurais fait une surprise parce que mon père a travaillé avec Lumumba à la poste de Kisangani, ils étaient devenus amis.
L’envie de leur faire un clin d’œil posthume m’est restée. Quelque temps après, je rencontre Juliana Lumumba, la fille unique de Lumumba! En rentrant chez moi, je me dis qu’il y a quand même beaucoup de coïncidences, que c’est un signe du destin et que je dois en faire quelque chose. J’ai commencé à effectuer des recherches dans les bibliothèques et les archives, qui m’ont mené à Bruxelles, au Cameroun, à Alger, en Haïti, en Jamaïque, jusqu’à Cuba; je voulais aller au-delà de l’histoire des peuples, étudier les migrations… J’ai écrit cette histoire en dix ans, puis j’ai cherché un éditeur et des financements pendant trois ans. En 2021, j’ai sorti la BD, une semaine avant les soixante ans de la mort de Lumumba.

©Rumbacom

En quoi votre bande dessinée innove par rapport aux autres ouvrages sur Lumumba?

Il existe beaucoup d’ouvrages sur Lumumba mais j’ai voulu poser une question simple: Lumumba finalement, qui est-il et d’où vient-il? Il est sorti un peu de nulle part et est entré en politique qui l’a mené à la mort.
En Afrique, quand on est face à quelqu’un qu’on ne connait pas, la première question qu’on se pose est: Qui est-il ? et ensuite: D’où vient-il? L’origine, chez nous, ce n’est pas le pays mais le village. En fouillant, je retrouve son village et l’histoire de sa naissance, et de son nom, qui n’était pas Patrice, ni Emery. Il faut lire la BD pour comprendre. J’ai suivi le parcours du personnage en dehors de la politique pour lui donner une identité. Je voulais qu’on le connaisse en dehors de son action politique.

Pourquoi le choix du medium bande dessinée?

C’est mon métier aujourd’hui, je suis auteur de bande dessinée, c’est là que je m’exprime le mieux. Il y a tellement de livres qui existent sur Lumumba, est-ce qu’il fallait en ajouter encore un? Et puis la bande dessinée, c’est le medium qui touche le plus large public, de 7 à 77 ans comme on dit! C’est un langage simple, à la portée de toutes les générations. Je l’ai traduite en lingala mais ce n’est pas encore publié. Elle a été traduite en néerlandais aussi. Je l’ai aussi adaptée en version livre pour enfant et je suis en train d’en faire un dessin animé, mais je cherche encore des financements pour finaliser tout ça.

Combien d’exemplaires existe-t-il et quel accueil lui a-t-on réservé?

La BD a été tirée à 2000 exemplaires. Une partie se trouve à Kinshasa où doivent encore avoir lieu des présentations. Le Musée Africa de Tervuren en a acheté aussi. J’ai fait quelques séances de dédicaces dans des librairies, à Liège, à Bruxelles. Il y a eu deux articles dans le journal Le Soir qui ont beaucoup contribué à sa diffusion et promotion, ainsi qu’une présentation à l’Hôtel de ville de Bruxelles. L’accueil est très positif jusqu’à présent!

Entretien vidéo avec Bathy Asimba

Lumumba. Un homme. Une histoire. Un destin. L’album de Bathy Asimba peut être commandé via la page Facebook de l’auteur ou sur son blog.

À voir, en lien: Une (autre) saison au Congo mardi 17 janvier 2023 à 20h au Théâtre Mercelis.

Inspiré par Une saison au Congo d’Aimé Césaire

En 1966, Aimé Césaire écrivait une pièce sur les derniers mois de Patrice Lumumba. En 1967, elle a été mise en scène à Bruxelles en avant-première mondiale par un acteur de 25 ans, Rudi Barnet. Dès lors, ce dernier sera considéré comme un pestiféré dans le milieu théâtral bruxellois.
En 2022, la dépouille de Lumumba revient au Congo et c’est le moment choisi par le collectif 1984 et Rumbacom pour représenter, une deuxième fois à Bruxelles, ce texte emblématique. Les acteurs, en noir et blanc, se posent devant nous la question: la pièce, même réécrite, sent-elle toujours le souffre?

©Centre du Roeulx

Une création collective du Collectif 1984 et de Rumbacom scrl, suivant les principes du théâtre-action
Mise-en scène: Max Lebras et Dada Stella Kitoga, assisté·es par Charlotte Fischer
Conseillère dramaturgique: Monique Mbeka Phoba
Distribution: Emilie Bergilez, Joséphine Bouchacourt, Charlotte Fischer, Eric Kabeya, Carly Kanyinda, Stella Kitoga, Evelyne Lebon, Trezor Lokwa, Elise Pirsoul, Odile Wanuke
Chrorégraphie: Longo Destinée
Musique: Elima Dely Mputu
Enseignante molongi:Tsaka Mbeka

Trailer de Une (autre) saison au Congo

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