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Chaque semaine, un petit billet subjectif d'une émotion de spectateur en salle de cinéma. Sans la moindre prétention objective, en se dégageant (ou pas) des sorties, je vous partage une histoire qu'on m'a racontée dans le noir!
épisode 9/9
9/9
©2024/Metropolitan FilmExport/Tous droits réservés

The Substance

Émois

épisode 9/9

Avez-vous déjà rêvé d’une meilleure version de vous-même? Vous devriez essayer ce nouveau produit: The Substance. ÇA A CHANGÉ MA VIE. Avec The Substance, vous pouvez générer une autre version de vous-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite… Il suffit de partager le temps. Une semaine pour l’une, une semaine pour l’autre. Un équilibre parfait de sept jours. Facile n’est-ce pas? Si vous respectez les instructions, qu’est ce qui pourrait mal tourner?

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Il m’arrive de plus en plus fréquemment (comme pour Joker: folie à deux) de m’agacer de la communication et du marketing autour des films. C’est que leur distribution commerciale me semble tellement paniquée à l’idée de ne pas réussir à capter notre attention si distraite qu’elle cherche trop désespérément à nous engager dans des considérations politiques, des discours sensationnalistes, jusqu’à distiller ad nauseam des références à l’intérieur même des films.

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À ce jeu, tout est bon pour provoquer une réaction, un émoi, une étincelle, quitte à simplifier les discours, surfer sur un didactisme infantilisant et abandonner toute complexité. La sortie de The Substance, dernière sensation cannoise, ne déroge pas à cette règle. On pouvait lire un peu partout qu’il y avait là l’émergence d’un grand film «important»; beaucoup de courage féministe, un moment de cinéma unique, etc.

Méfiant par nature, je craignais une énième arnaque. Je pouvais déjà sentir résonner bien fort les discours, cachant derrière un «sujet» la faiblesse prudente de leur forme. Je trainais des pieds avant d’entrer en salle en ce soir d’Halloween bruxellois. Et quelle ne fut pas ma surprise quand, projeté entre les mains de la réalisatrice Coralie Fargeat, je pris un plaisir férocement ridicule et outrancier à cette satire sans pudeur.

Si j’ai commencé ces quelques lignes par une remarque sur les discours promotionnels, c’est qu’ils ont vite fait de nous raconter une histoire qui n’a rien à voir avec notre expérience en salle. Or, le cinéma, c’est une histoire d’illusions, de propositions, de joyeux mensonges et de sublimes tricheries; pas celle de la vérité, encore moins du grand discours politique. D’où l’intérêt pour moi sacrément jouissif de cette Substance.

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Il ne fait doute que les intentions de sa réalisatrice soient de dénoncer, de dynamiter les représentations du corps féminin. Mais ce postulat n’aurait pas suffi en lui-même à déployer un film iconique; en particulier quand on est, comme moi, allergique aux donneurs de leçons.

Ce qui m’a amusé, c’est une liberté qui se moque d’être grotesque.

Bien heureusement, mon plaisir de vision du film ne se résume pas à l’idéologie du projet. Ce qui m’a amusé, c’est une liberté qui se moque d’être grotesque et dégage un mauvais esprit bien réjouissant.

J’ai aimé ricaner avec le film (et pas contre lui) de ce jeu de massacre cradingue, de cette satire de l’hypocrisie du show business face au corps vieillissant de Demi Moore. Dans un plaisir horrifique bien farceur, multipliant les références, ne pas prendre ce spectacle au sérieux était essentiel. De plus, j’avais heureusement l’estomac vide.

Je craignais cependant que le film vienne se conclure trop poliment, comme un peu effrayé d’être allé aussi loin. Que Nenni! Fargeat enfonce encore l’accélérateur et fait exploser de grand guignol ces dix dernières minutes, gagnant des sommets de dégueulasserie giclant et toute ma sympathie.

FR/UK/USA 2024
Réalisatrice: Coralie Fargeat
Scénariste: Coralie Fargeat
Avec Demi Moore; Margaret Qualley; Dennis Quaid
Distributeur: Metropolitan FilmExport
Genre: Epouvante-horreur , Comédie
Durée: 2h20 min
Date de sortie (FR): 6 Novembre 2024


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