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©Kelsey Suleau, Radio France

La préhistoire du futur

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La folle dystopie radiophonique créée en 2016 par Benjamin Abitan nous emmène explorer des futurs possibles, aussi épiques que fantasques, de notre pauvre monde. Chaque épisode commence à peu près à notre époque et prend pour point de départ une innovation fictive — et plus ou moins probable — pour en tirer les fils les plus extravagants jusqu’à tisser une histoire spectaculaire: ici, on déroule l’histoire du «forfait toutes drogues» ou des mercenaires du métavers; là, on se penche sur la destinée de la télécommande multiverselle ou de la légalisation du meurtre.

Extrêmement drôle et réjouissante, la fresque débridée issue de l’imagination sans bornes du génial Benjamin Abitan (co-auteur de La Chute de Lapinville, série tout aussi savoureuse qui vient de diffuser son 124ᵉ épisode quotidien) jette un regard acide et lucide sur notre humanité précaire et notre société contemporaine, capable de digérer à peu près tout et courant, quoi qu’on fasse, à sa perte.

Reste à savoir par où nous perdre, et La préhistoire du futur propose de multiples options: par les robots, par les clones, par les zombies, par les scénaristes de séries télé, par le télé-travail ou par «les gens qui repoussaient les limites des choses».

La matière première de la série réside souvent dans le caractère décevant, moyen, à peu près nul de ce qui nous arrive: les extra-terrestres débarquent, mais tout le monde s’en fout; on apprend enfin à décoder le langage des dauphins, mais on se rend compte qu’ils n’ont rien d’intéressant à dire. Comment raconter une histoire palpitante avec des clones, qui se révèlent passifs agressif ou avec une découverte majeure terriblement médiocre — la démonstration, enfin prouvée par la science, qu’en fait, les gens sont des cons? Benjamin Abitan, on ne sait trop comment, y parvient à chaque coup.

Oscillant entre démesure et trivialité, hantée par la fin inéluctable de tout, La préhistoire du futur est un objet sonore improbable qui derrière l’humour extraterrestre et l’imagination jusqu’au-boutiste se teinte de mélancolie et ne renonce jamais à la poésie, affirmant envers et contre toute l’absurdité de la condition humaine, la puissance explosive de la fiction.

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Tous les épisodes des cinq saisons de La Préhistoire du Futur, sont disponibles sur le site ou sur l’appli de Radio France.


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