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Cette série nous plonge dans des séquences de films et explore comment des plans spécifiques provoquent des émotions et réflexions essentielles.
épisode 4/4
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Twisters, 2024 ©DR

Twisters

Émois

épisode 4/4

Le cinéma américain grand public semble dans un éternel recommencement, avec la multiplication de licences et de suites pour mieux capter une audience estivale cherchant à se divertir et à se rafraîchir, loin d’une actualité brûlante en tous points.

Au cœur de cette boucle de grosses productions, le sympathique Twisters trouve une bonne place, notamment dans sa façon de se réapproprier une idée du film original[1][1] Twisters est la suite de Twister, réalisé parJan De Bont avec un éclat qui renforce son côté de grand divertissement populaire.

©DR

Dans la dernière partie du dernier film de Lee Isaac Chung (réalisateur également du magnifique Minari en 2020), les personnages se rendent dans la ville d’El Reno afin de prévenir les habitant·es de l’arrivée imminente d’une tornade. Certain·es trouvent refuge dans une salle de cinéma. Alors que la nature se déchaine violemment à l’extérieur, le bâtiment commence à s’effondrer durant une projection de Frankenstein. C’est à ce moment que survient le plan qui nous intéresse : la force des vents déchire l’écran et révèle la sauvagerie de ce qui se déroule en dehors de la salle. C’est un instant bref, écho d’un climax classique mais bien mené, et significatif de notre société contemporaine.

La réalité brutale débarque en pleine fiction

L’effroi surgit alors qu’on est plongé dans Frankenstein, dans une fiction au classicisme délicieusement nostalgique. En 1996, Jan De Bont dans le Twister originel avait proposé une idée similaire dans une scène en cinéma d’extérieur: au moment où l’on voit Jack Torrance dans Shining, une tornade détruit la toile de l’écran.

Bande-annonce de Twister, Jan De Bont, 1996.

Dans cette version-ci, le côté enfermé du bâtiment renforce cette tension et accentue l’idée d’un éternel recommencement: jamais le monde de la fiction ne pourra échapper au réel. 

Alors que notre monde bouillonne dans une actualité peu réjouissante et que notre planète nous rappelle les maltraitances qu’on lui fait subir, pareil éclat dans un spectacle grand public nous pousse à réfléchir sur la façon dont le réel et la fiction s’entrecroisent.

Twisters, 2024 ©DR

Ainsi, en interview, le réalisateur déclarait ne pas vouloir délivrer ouvertement un message écologique mais pourtant, même en hors-champ, le film montre un environnement en pleine transition, entre la nostalgie du passé et la brutalité du présent. Peut-être est-cela qu’on peut ressentir devant ce plan: le déchirement constant d’un monde qui ne saura pleinement assumer ses erreurs qu’en y faisant face, aussi peu réjouissante soit la réalité…

Twisters, de Lee Isaac Chung (États-Unis), 2024
Avec Daisy Edgar-Jones, Glen Powell, Anthony Ramos, Maura Tierney, Brandon Perea, Sasha Lane, Kiernan Shipka, David Corenswet, Daryl McCormack, Nik Dodani

À partir de 12 ans


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