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Chaque semaine, un petit billet subjectif d'une émotion de spectateur en salle de cinéma. Sans la moindre prétention objective, en se dégageant (ou pas) des sorties, je vous partage une histoire qu'on m'a racontée dans le noir!
épisode 13/13
13/13
Vingt Dieux, de Louise Courvoisier ©Pyramide Distribution

Vingt Dieux

Émois

épisode 13/13

Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape: il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros.

Après L’histoire de Souleymane, je me réjouis de finir cette année 2024 avec une autre émotion française.
Vingt dieux, le premier long métrage de Louise Courvoisier, transcrit un subtil équilibre entre sourire et dignité. Ce film nous dit de très belles choses sur notre monde. Totone et sa bande, qui pourraient sembler faciles à moquer, ont des épaules de héros modernes.

©Pyramide Distribution

Qui dit héros, dit bien souvent un peu de classicisme dans le parcours. Si l’arc de maturité se déroule sans grandes surprises, Totone et les siens se démarquent par une énergie inépuisable et l’incorruptible volonté de dicter leur destin et de ne baisser la tête devant personne.
Même si le film ne m’a paru en rien militant, je crois qu’il nous dit quelque chose sur la force d’entreprise, de ceux qui veulent s’approprier le monde pour se mettre au service des autres. Avec la fureur de faire dire des personnages incertains, imparfaits, Courvoisier fait de l’héroïsme un acte discret, quotidien, presque invisible.


Maintenant qu’un grand souffle politique a fait trembler des statues de cinéma, de jeunes cinéastes curieux et formidablement riches émergent, mieux protégés des vents peut-être. Lancée sur un geste universel qui délimite une nouvelle «Zone d’intérêt», à travers son esthétique du blocage, et le verdict du grand procès d’Anatomie d’une chute, qui a fini de consacrer les ridicules dictatures de la vérité, une place immense est à conquérir en 2025. Aller vers la complexité, vers la douceur, vers le temps nécessaire pour réfléchir avant de répondre, c’est un nouveau défi du cinéma pour les années qui viennent.

Les héros de Vingt dieux l’ont compris: l’indépendance se gagnera par le doute et le questionnement. Il n’y aura, de tout le film, pas un mot accusateur, pas une affirmation didactique, pas une seconde d’inattention non plus. Par deux ou trois fois on y entendra cependant le cri du combat intérieur: «Vingt-Dieux!»

©Pyramide Distribution

Le premier long métrage de Louise Courvoisier est plus qu’un feelgood dans le style de La part des anges. Il n’y a rien de faux ici, et pas de place pour le désespoir. Tout est possible, difficile certes, mais toujours possible. Mention spéciale, enfin, à une des plus craquantes histoires d’amour de l’année!

Vingt Dieux
FR 2024
Réalisé par Louise Courvoisier, avec Clément Faveau; Maïwène Barthélémy; Luna Garret
Scénaristes: Louise Courvoisier; Théo Abadie; Marcia Romano
Distributeur: Pyramide Distribution
Genre: Drame, comédie
Durée: 1h30 min


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