
Designer de livre et poétesse
Grand Angle23 mars 2022 | Lecture 1 min.
épisode 6/18
Professions: Designer de livre, graphiste et poétesse.
Formation: études de typographie et de design du livre/reliure à La Cambre (Bruxelles) et autodidacte en poésie et écriture.
Dernière création: Fils d’arabe, édition Tétras Lyre, 2017. Participation à la campagne «Lisez-vous le Belge?» en 2020, avec Une histoire.
Un prénom, performance, novembre 2021 – Pour «Pouvoirs et Dérives», édition 4.
À venir: Heimelijke werelden – Intérieurs secrets, livre collectif de photographies et textes d’artistes autrices belges, sous l’initiative de Paul Pourveur, Rhizom Art, soutenu par Crea.Brussels, Passa Porta et les Midis de la poésie.
Comment êtes-vous devenue poétesse, relieuse de livres et graphiste?
Depuis l’enfance, j’ai toujours aimé lire et écrire, aussi bien tracer des lettres qu’inventer des histoires. En sortant du secondaire général, après une tentative à l’université, j’ai intégré La Cambre (Bruxelles), en option typographie et ensuite en «Design du livre et du papier/reliure». Pour mon travail de fin d’études, j’ai rencontré des jeunes d’origine nord-africaine que j’ai interrogés sur leur rapport à leurs origines. Des fragments de ces interviews se sont retrouvés imprimés dans 18 recueils de poésie (un livre par interviewé-e).
Pour ma présentation de fin d’études (juin 2015), il me fallait un regard pour jauger mon travail écrit; j’ai donc contacté Laurent Demoulin. C’est lui qui, plus tard, m’a conseillé d’envoyer mon manuscrit à l’éditrice Primaëlle Vertenoeil, des Éditions Tetras Lyre. Fils d’arabe, est paru en mars 2017.
Dans le même temps, avec deux amies, nous avons décidé de monter un atelier de design du livre/reliure et cartonnage, qui fonctionnerait comme une agence (soit réceptionner des projets en commun, les répartir entre nous, faire le suivi de production, etc.). Il nous a fallu deux ans pour mettre sur pied l’atelier, et en décembre 2017, nous nous sommes installées au Studio Citygate (Anderlecht).
Y a-t-il un lien entre vos deux pratiques?
Le design du livre m’est venu de ma passion pour la lecture et l’écriture, pour l’amour du livre, en tant qu’objet de lecture et objet tout court: le contenu m’intéresse autant que le contenant, et je voulais apprendre à en fabriquer moi-même, même si, paradoxalement, l’auto-édition ne m’intéresse pas tellement.
Ce que j’aime dans ce métier de relieuse, c’est le côté artisanal, le fait de fabriquer avec ses mains, designer, concevoir l’objet. C’est un complément du travail mental que demande l’écriture; ça donne un résultat concret, immédiat.
La poésie, c’est ma pratique artistique personnelle, l’endroit où je me retrouve. Mais, étrangement, j’ai toujours du mal à me présenter comme poétesse, il m’arrive encore de ne pas oser le dire. Quand on me demande ce que je fais, je me limite à parler de ma pratique de relieuse et de graphiste…
Comment votre écriture a-t-elle évolué depuis la parution de votre premier recueil?
J’ai rencontré différentes personnes du milieu littéraire, et le hasard de calendrier m’a fait travailler en tant que graphiste aux Midis de la Poésie. J’ai participé à une publication avec Passa Porta et j’ai pu faire mes premières lectures et rencontres publiques un peu partout en Belgique. Petit à petit, ces lectures sont devenues des performances; j’ai eu envie d’accompagner mes textes de projections vidéo, de les apprendre par cœur, de les jouer (sans pour autant entrer dans une forme théâtrale définie).
Je diffuse aussi beaucoup à travers Instagram: j’y publie des textes dans une certaine ambiance, avec une mise en scène graphique. J’aime beaucoup ce moyen de communication car il apporte immédiatement des réactions[1][1] @mllecho/illustration.
Comment avez-vous vécu la période de confinement?
Je me suis beaucoup occupée de mon atelier de reliure, j’avais un grand besoin de faire un travail manuel.
Mais la poésie reste ce qui m’importe le plus.
Je pense qu’écrire est un acte à la fois artistique et politique. J’aime le cheminement qu’ont pris les textes d’Anna Akhmatova durant la révolution bolchévique. Ils se transmettaient sous le manteau et par le bouche-à-oreille, les gens les retenaient par cœur.
Parvenez-vous aujourd’hui à vivre de vos pratiques artistiques?
Je vis en partie du studio et de l’enseignement; je suis assistante en reliure à La Cambre et je donne cours dans une école de prépa à Lille et d’arts plastique dans une école secondaire à Bruxelles. Je crois qu’aucun·e poète·esse n’ait jamais vécu exclusivement de sa plume.
Citez un artiste, un livre ou un lieu qui vous inspire.
Un auteur portugais que j’ai découvert l’été dernier: Herberto Helder. Il a une écriture mystique, très sensuelle, je trouve ses textes magnifiques, en particulier ceux du recueil La cuiller dans la bouche.
NB: La Belgique est très reconnue pour la reliure d’art: Anne Goy, Louise Bescond (ancienne de La Cambre), font partie des grands noms de la reliure mondiale.

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